Réponses du Groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE) à l’Ipse

main_Verhofstadt-art1A la veille des élections du Parlement européen, l’Ipse a posé trois questions aux principaux groupes du Parlement européen (PPE, S&D, ADLE, Verts/ALE et GUE/NGL). Au menu : la dimension sociale de l’Union économique et monétaire, la libre circulation et convergence sociale ainsi que l’économie sociale et l’entrepreneuriat social.Le Groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE) nous a répondu, au nom de son président, Guy Verhofstadt.

 

1)    Doter l’Union économique et monétaire d’un volet social

 

Ipse : Quel rôle et quelle place doit avoir selon vous le pilier social de l’Union économique et monétaire européen (UEM) ? Par quelles mesures concrètes (renforcement du dialogue social, indicateurs sociaux, assurance chômage européenne, aides européennes, etc.) passe la réalisation de ce pilier social et quel rôle peut y jouer la protection sociale ? 

 

 

Guy Verhofstadt: « J’aborderais cette question sous un autre angle et me concentrerais sur une solution à la crise à deux niveaux, avec la discipline budgétaire d’une part, et une stratégie de croissance d’autre part, et cela simultanément. Ce dernier niveau est toujours manquant dans la réponse de l’UE à la crise. La meilleure protection sociale est d’avoir un emploi. C’est là que devrait être notre principale priorité.

Je suis tout à fait favorable aux indicateurs sociaux qui ont été introduits et qui sont complémentaires à la procédure de déséquilibres macro-économiques et je pense que les partenaires sociaux ont beaucoup à apporter. Cependant, je pense que nous avons besoin d’actions plus concrètes et ciblées au niveau de l’UE pour démarrer la lutte contre les conséquences de la crise. Il y a des emplois vacants dans l’UE ainsi qu’un taux de chômage élevé, en particulier parmi les jeunes. Pour faire correspondre les postes vacants avec la recherche d’emplois, l’UE peut être d’une valeur ajoutée réelle en favorisant une plus grande mobilité. »

 

 

2) Plus de convergence sociale ?

 

Ipse : Doit-on aller vers davantage de convergence sociale et fiscale dans l’UE pour atténuer les tensions entre les différentes zones Nord-Sud, Est-Ouest ou encore centre et périphérie et faciliter la mobilité des travailleurs ? Quelles priorités précises dans ce cadre ?

 

G.V.: « Il est vrai que la mise en œuvre de la directive détachement des travailleurs a beaucoup laissé à désirer.  Je suis donc heureux que la directive d’application ait finalement été adoptée, avec le fort soutien du groupe libéral, malgré la réticence préoccupante et le manque de soutien de la gauche au Parlement.

 

Le détachement des travailleurs est une question de services, mais les travailleurs doivent bien sûr avoir des droits et savoir qu’ils sont pris en charge. La directive d’application est une étape importante pour lier les Etats membres à leurs engagements et faire en sorte qu’il y ait davantage de contrôle sur le fait que la société détachant des travailleurs suit les règles et qu’il soit donné au travailleur une voix plus forte. Le problème en Europe n’est pas tant la mobilité d’un coin à un autre, mais plutôt qu’il y a trop peu de citoyens européens qui se déplacent et je ne pense pas que ce soit parce qu’ils ne le veulent pas. »

 

 

3) Développement de l’entrepreneuriat social et de l’économie sociale

 

Ipse : De quelle manière le prochain Parlement européen peut-il s’approprier pleinement cette question de l’entrepreneuriat social, du développement de l’économie sociale, et donner suite aux propositions d’actions formulées à Strasbourg ?

 

G.V.: « L’entrepreneuriat est essentiel à nos yeux. Nous croyons en la créativité et la capacité de l’individu et à ce titre, nous nous concentrerons sur la définition des bonnes conditions pour dynamiser l’entrepreneuriat social. Deux mesures importantes ont été prises récemment au niveau de l’UE et le groupe libéral a été très favorable et actif dans la mise en place du nouveau programme européen pour l’emploi et l’innovation sociale (EaSI) qui comprend un nouveau pilier de financement de l’entrepreneuriat social à côté de la micro-finance. Cela aidera au financement des start-ups.

 

En outre, le nouveau règlement sur ​​un label de Fonds d’entrepreneuriat social européen aidera les entreprises sociales à attirer des capitaux et de l’investissement. De cette façon, nous croyons que le financement et les définitions communes peuvent être utiles au niveau de l’UE, mais je voudrais aussi souligner que beaucoup doit être fait au niveau local pour assurer les conditions nécessaires au niveau local pour l’entreprise sociale et ses besoins particuliers. »