Particulièrement attendue par les créanciers de la Grèce, le gouvernement d’Alexis Tsipras a envoyé à Bruxelles, le lundi 4 janvier, au soir, son projet de réforme des retraites. Celui-ci doit impérativement être validé par les prêteurs du pays (Banques centrale européenne, Fonds monétaire international, Union européenne) pour que le versement de leur aide puisse se poursuivre.
Pour rappel, le troisième plan d’aide à la Grèce, d’un montant maximum de 86 milliards d’euros de prêts sur trois ans, a été validé en août 2015. En échange, les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), avaient exigé diverses réformes notamment celles des retraites, qui coûtent actuellement 30 milliards d’euros par an.
Le ministre du travail, Georges Katrougalos, qui pilote la réforme, a expliqué au journal Le Monde que ce projet est « un compromis entre la réforme [qu’ils veulent] mener pour l’avenir de [leur] système de retraite et [leurs] obligations envers [leurs] créanciers, qui [leur] imposent de réduire annuellement [leurs] dépenses liées aux retraites à hauteur de 1% de [leur] PIB », soit 1,7 milliard d’euros.
Les propositions
En plus de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite et de la diminution des primes de départ à la retraite, déjà mis en place, le gouvernement grec propose de remplacer progressivement l’EKAS (prime d’aide aux retraites les plus faibles), par une pension nationale de 384 euros, qui sera versé à tous les retraités de plus de 67 ans ayant cotisé pendant plus de quinze ans. De plus, les retraites seront plafonnées à 2 300 euros pour les retraites simples et 3 000 euros pour les retraites multiples. D’après leur calcul, cela permettrait d’économiser 1,1 milliard.
Par ailleurs, le gouvernement souhaite augmenter les cotisations employeurs de 1% et de 0,5% pour les employés, voire de taxer les transactions bancaires de plus de 1 000 euros de 0,1%, afin d’économiser les 600 millions d’euros restants.
Quant à la pension de retraite en elle-même, ce projet de réforme propose de la décomposer en trois parties :
L’Ipse salue par ailleurs la proposition d’introduire un principe de proportionnalité entre le revenu et la retraite. Ainsi, Georges Katrougalos reconnaît que « dans le nouveau système, les pensions les plus hautes seront plus basses qu’aujourd’hui ». Il a également expliqué que leur souhait était de « mettre en place une forme de justice sociale, en protégeant proportionnellement les plus vulnérables ».
En outre, le gouvernement grec s’engage à harmoniser son système de pensions en fusionnant les six grandes caisses de retraite et à mettre en place une même règle de cotisation pour tous les actifs. Celle-ci devrait s’élever à 20% du revenu, si la proposition est adoptée. Le ministre du travail a également signalé la fin des préretraites.
Après validation par les créanciers et l’adoption par le Parlement grec, l’ensemble de ces dispositions s’appliqueront de plein droit certes, mais uniquement aux nouveaux retraités. Le gouvernement a voulu épargner les Grecs déjà à la retraite, qui ont déjà subi 11 baisses depuis 2010.
Les discussions, qui devraient commencer aujourd’hui, s’annoncent difficiles, notamment sur la hausse des cotisations ainsi que sur le taux de remplacement, dès lors que les créanciers souhaiteraient l’abaisser à 50% du revenu moyen. Ce n’est que si les chefs de mission des créancier et le gouvernement grec trouvent un compromis, qu’une nouvelle tranche d’aide sera versée. Or, les partis d’oppositions ont d’ores et déjà annoncé qu’ils refuseront de soutenir au Parlement le projet de réforme des retraites tel qu’il est rédigé actuellement.