Ces dernières années, le numérique a envahi tous les pans de notre vie. Et le travail n’est pas en reste. La réforme du droit du travail va donc s’inspirer des recommandations du rapport du CNNum (Conseil National numérique) afin d’anticiper les conséquences de cette révolution numérique sur l’emploi.
L’exemple d’Uber illustre parfaitement les craintes qui entourent la progression du numérique dans le domaine professionnel : des travailleurs indépendants, pas de cotisations sociales, pas de contrôle sur les horaires, etc. Nous sommes face à de nouvelles formes de travail.
Toutefois, le numérique peut également avoir une incidence positive sur l’emploi notamment en apportant de nouveaux outils et en augmentant l’efficacité des travailleurs
Le rapport Travail Emploi Numérique, publié en janvier 2016 par le CNNum sur demande du Ministère du travail permet d’y voir plus clair sur le lien entre numérique et conditions de travail, quelques exemples :
- Dans le cadre d’organisations très rigides qui favorisent peu la prise d’initiatives, le salarié peut vite s’ennuyer et manquer de motivation. A travers des formations ou de nouveaux moyens de communication, le numérique peut favoriser les dispositifs de participation à la vie collective et le développement de nouvelles compétences.
- Le numérique entraîne l’apparition de nombreux travailleurs indépendants. Ce mode de travail peut mener à l’isolement et à la perte d’estime de son travail. Un travailleur seul parvient beaucoup plus difficilement à se faire entendre de ceux pour qui il travaille. Le rapport préconise donc de recréer du collectif à toutes les échelles.
- Le rapport met aussi en évidence le fait que les plateformes numériques créent peu d’emplois comparativement à leur valorisation financière, ce qui accentue la concentration des richesses sur un petit nombre de personnes. Selon le Conseil, la relation entre le travail et la redistribution des richesses doit être repensée
Le rapport Mettling qui date de Septembre 2015 pointe également du doigt quelques conséquences fâcheuses du numérique : hyper connexion, exclusion des salariés qui ne maitrisent pas le numérique, ou encore horaires de travail déraisonnables. Il prône également de nouveaux droits pour les indépendants tels que le CPA (compte personnel d’activités), de nouvelles obligations pour les plateformes collaboratives ou encore le droit et le devoir de se déconnecter.
S’inspirant de ces deux rapports, le projet de loi travail prend en compte cette problématique :
- Création du droit à la déconnexion
- Une concertation est prévue avant le 1er Octobre sur le télétravail et le travail à distance
- Utilisation du numérique pour favoriser le dialogue sociale
Ces premiers recadrages du droit du travail seront un premier pas en avant mais d’autres efforts resteront à fournir pour garantir la protection sociale des travailleurs dans l’économie numérique.