Le 6 Mars de 13h30 à 16h30 s’est tenu la présentation officielle du « Livre Blanc Européen : Emploi, famille et domicile dans l’Union Européenne » par l’EFFE : Fédération Européenne des emplois de la famille. Cette manifestation a été accueillie par le Comité Economique et Social Européen. En présence de Marie-Béatrice Levaux, Présidente de l’EFFE, Aude Boisseuil, déléguée Générale, a été très fière et très heureuse de présenter le fruit de plus de 2 ans de travail. Elle a précisé que rien n’aurait été possible sans l’aide des contributeurs et partenaires dont l’Ipse fait partie. Ce livre Blanc a impliqué une quarantaine de députés, dépassant par là-même les différences politiques. Le secteur du travail à domicile concerne des millions de familles, des millions de travailleurs. Dans un contexte de vieillissement de la population, il devient déterminant. C’est pourquoi le livre Blanc regroupe une série de propositions afin de structurer et de faire reconnaître ce secteur.

Selon les termes de Mariya Gabriel, Commissaire européenne à l’Economie et à la Société numérique, cette journée a été particulièrement importante pour l’Europe. Ce livre Blanc exprime des valeurs qui nous rassemblent.

Le sujet promu par ce livre blanc, la reconnaissance de l’emploi à domicile, est particulièrement pertinent, notamment à quelques jours de la journée des droits des femmes. En effet, le travail à domicile participe à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale car l’utilisation de ces services permet d’avoir plus de temps libre. En effet, 44% des personnes qui font appel à ces services le font par manque de temps.  En outre, l’emploi dans ces services permet à certaines femmes de s’insérer sur le marché du travail. Ce secteur offre ainsi un potentiel de 20 millions d’emplois au niveau européen. Mais attention, il ne doit pas pour autant constituer le seul moyen d’intégration des femmes migrantes.

Ce secteur présente des particularités. D’une part, les rôles sont inversés car les particuliers deviennent employeurs et ne savent pas forcément comment gérer les relations avec leurs employés. Les salariés sont souvent précaires. D’autre part, le lieu de travail est le domicile, ce qui peut déséquilibrer la relation entre employeur et employé. Le livre Blanc propose donc des solutions pour équilibrer cette relation. Cette conférence a aussi soulevé la question du travail au noir dont la France a pu diminuer la part grâce à une politique efficace de soutien.

A travers des interventions riches et variées, la présentation du livre Blanc a été l’occasion de se poser des questions telles que « comment garantir un travail de qualité au domicile ? ». Permettre aux travailleurs du secteur d’avoir une représentation syndicale serait un premier pas. Sans reconnaissance, ce secteur ne pourra pas bénéficier de financements publics, les salaires resteront faibles et le travail ne pourra pas être de qualité. Il est donc très important que les pouvoirs publics investissent dans ce secteur. 

L’évènement a permis de s’interroger sur les moyens de sensibilisation des politiciens à cette problématique. Le livre Blanc arrive au bon moment car ce thème doit être pris en compte dans la campagne pour les élections européennes de 2019. Le Pilier européen des droits sociaux a été maintes fois cité au cours de cette conférence. Certes, les services à domicile n’y figurent pas en tant que tels mais de nombreux points peuvent y être rattachés : le droit à la formation, à la protection sociale dans le travail, ou encore le droit à un niveau élevé de sécurité et de protection de la santé au travail.

Il a été rappelé que l’Union Européenne n’a pas la capacité de changer le droit du travail, cela doit être fait au niveau national.  Toutefois, son rôle est d’encourager les états à revoir leur législation pour professionnaliser le secteur. Peu d’états ont pris des mesures sur cette problématique, pourtant, les politiques dans ce secteur sont beaucoup moins coûteuses qu’il n’y parait et sont compensées par les effets de retour.

 Il existe malgré tout des outils au niveau européen pour faire évoluer les mentalités. Le Semestre Européen, par exemple, intègre désormais des indicateurs sociaux. Sophia Ribeiro, député européenne, a exhorté les autres parlementaires à défendre les valeurs sociales, c’est la condition sine qua non pour que ces valeurs soient reprises au Conseil. Ces valeurs sociales doivent aussi être mises en avant par l’Europe afin qu’elles ne puissent pas être le monopole des extrêmes

Certains intervenants étaient là pour proposer des solutions concrètes pour l’amélioration des conditions d’exercice du secteur de l’emploi à domicile, tels que Baptiste Lenfant, directeur général d’Iperia Institut, qui propose des formations aux métiers du domicile.

L’aide à domicile est parfois assurée par les proches. Claire Champeix, conseillère politique chez Eurocarers représentait ainsi les aidants informels. Un colloque organisé par l’Ipse le 9 Avril 2019 sera par ailleurs dédié à cette problématique. Pour accroître la visibilité de cet enjeu, un instrument va être discuté au niveau européen : il s’agit d’accorder 5 jours de congés pour les aidants. Un petit pas, mais qui permettra de mettre en lumière le sort des aidants.

L’Ipse est donc ravie d’avoir pu participer à cet évènement dont les diverses interventions d’experts, de parlementaires européens, de membres du CESE, ont su donner un nouvel éclairage sur le secteur de l’emploi à domicile, qui représente 8 millions d’emplois dans l’union européenne. Ces interventions ont pu également mettre en évidence l’urgence de la prise en compte de ce secteur par les politiques publiques afin de lutter contre le travail informel encore très présent et d’offrir de meilleures conditions d’emploi.

Myriam Serres