Les retraites professionnelles par capitalisation des travailleurs britanniques ont particulièrement souffert de la crise financière et des choix de placement  risqués des gestionnaires. Les régimes à prestations définies déclinant ces dernières années faisant place aux régimes à cotisation définie, plus opaques pour les bénéficiaires et leurs administrateurs (trustees).

Face aux déficits, les entreprises essaient souvent de fermer les régimes, soit en incitant financièrement les plus jeunes à en sortir, soit en proposant des transferts, soit en le fermant aux nouveaux arrivants par exemple. Ces pratiques ne sont pas toujours claires pour les administrateurs des fonds et conduisent parfois des solutions néfastes pour les assurés.

Le TUC, la confédération syndicale britannique a organisé le 30 juin dernier à Londres au profit de ces  « trustees » une conférence  intitulée : « Surmonter la tempête économique : sauvegarder les pensions et les investissements »* .

Y étaient notamment présents Angela Eagle, Ministre chargée des pensions et de la société vieillissante, Brendan Barber, secrétaire général du TUC ainsi que  l’autorité régulatrice des pensions.
Si les deux grands débats ont porté d’une part  sur le futur des retraites professionnelles au Royaume-Uni et d’autre part les interactions entre retraite, investissement responsable et crise financière, les ateliers de cette conférence figuraient plus encore une journée de formation destinée à permettre à ces administrateurs de comprendre la gestion des régimes et donc de décoder et répondre aux propositions de modifications  des entreprises.

En effet, en ces périodes de sauvetages de régimes, il s’avère que les notions  de transparence et de réalisme qui ont fait défaut jusque là apparaissent comme essentielles.

Aux yeux du TUC, du gouvernement et de l’autorité de régulation des pensions, la survie des pensions professionnelles passe par une meilleure gouvernance des régimes, et donc  par une présence forte d’au moins 50% des administrateurs dans les conseils d’administration des fonds de pension et d’une bonne formation de trustees en matière de gestion et finance.

Pour le « Pension regulator » la régulation nécessitée par la crise pour conserver la viabilité des régimes ne doit pas être un prétexte des entreprises pour  faire baisser  drastiquement les futures prestations sans l’accord éclairé des administrateurs. Cet  organe public de régulation des régimes professionnels de retraite, issu du Pension Act de 2004, dont une des activités principales est la formation et le conseil aux administrateurs des régimes professionnels, a mis en place  une série d’outils à la disposition de ceux-ci, et notamment des formations en ligne, pour permettre de comprendre les enjeux et les régimes et prendre les bonnes décisions.

Les ateliers de la conférence  fournissaient des analyses détaillées et des cas pratiques sur des thèmes tels que les stratégies de réduction du risque  et d’arrangements transitoires des entreprises, le réalisme des provisions techniques ou la protection des intérêts des assurés.

En clôture, Le secrétaire général du  TUAC (Commission Syndicale Consultative auprès de l’OCDE) souligne que  le désengagement des régimes par répartition au profit des régimes privés par capitalisation révèle son déséquilibre avec la crise. L’OCDE reconnait aujourd’hui que le système par répartition (Pay- As –You -Go) comme il existe en France semble fonctionner correctement en période de crise. Elle encourage  également un retour  des investissements de l’Etat dans les systèmes de protection sociale. Les  représentants des différentes institutions britanniques présents ont tous par ailleurs approuvé la nécessité de revaloriser le  régime de base comme élément fort du système de retraite.

En 2012, une nouvelle reforme des retraites est  prévue, avec notamment la création d’un Personal  Account, destiné aux travailleurs à revenu bas ou moyen, qui pourront le choisir notamment dans des entreprises ne disposant pas de régime professionnels, ou lorsque ceux-ci  leurs sont  inaccessibles. C’est un premier pas apprécié et reconnu par les intervenants et participants de cette conférence, mais qui doit être suivi pour apporter des solutions à l’ensemble de la population.

* Weathering the economic storm : safeguarding pensions and investments