Contrepoids régulateur ou cheval de Troie de la mondialisation ?
L’Union européenne parviendra-t-elle en 2010 à satisfaire les objectifs qu’elle s’est assignée à Lisbonne en 2000, et deviendra-t-elle alors l’économie de la connaissance la plus compétitive ? L’Agenda social assorti de nouveaux outils, telle la méthode ouverte de coordination (d’abord pour l’inclusion, puis pour les retraites, enfin pour la santé) permet-il que les libéralisations du marché et du commerce ne remettent pas en cause le modèle social européen ?
Très peu, sinon aucun analyste ne croit à la réalisation complète de la Stratégie de Lisbonne.
L’un des ses objectifs est de porter la part relative aux dépenses de recherche et développement à 3% du PIB de L’UE. L’Union européenne est très loin de cette perspective, les Etats-Unis flirtent à peine au-dessus des 2 %, le Japon seul les dépasse.
Les visées pour l’emploi souffrent aussi d’un retard sensible. Fixé à 70%, le taux d’emploi des personnes en âge de travailler (15 – 64 ans) dépasse à peine les 65%, celui des travailleurs « âgés » (55 – 64 ans) prévu à 50% est de 42,5%, celui des femmes en progression, est de 56 ,3% pour une visée de 60%.
Dix ans c’est infiniment court au vue de l’histoire, c’est long pour une époque charnière où les choix restent imprécis, les pressions sont très fortes et bien sûr contradictoires. Les repères se perdent et comme nous l’avons débattu lors de la Rencontre Ipse précédente (la XXXIème à Helsinki et Tallin), nous dépassons le concept d’un modèle social européen pour un modèle de société, tant la quête de sens redevient une priorité si l’on souhaite que la cohésion sociale, seul garant de la démocratie, ait elle même un sens.
Le choix crucial pour l’Europe est bien l’alternative entre l’affirmation renouvelée et modernisée de son identité sociale et culturelle avec une économie forte et l’approfondissement des réformes structurelles dans la voie d’un modèle néo-libéral de plus en plus affirmé, au risque d’une part que les réformes attendues ne soient pas en rendez-vous, d’autre part de négliger l’objectif de cohésion sociale. Considérons aussi que les politiques nationales économiques et sociales, même convergentes, ont leur caractéristique propre.
L’Europe devra réagir et réagira. Elle le fera malgré un contexte de mondialisation accentué par la globalisation (trop souvent amalgamées) – à savoir la banalisation en sus de l’interdépendance des économies. A cela s’ajoutent les effets globalement heureux mais aussi pervers de l’élargissement, le désamour des populations pour le rêve européen. Il n’en demeure pas moins que subsistent les attentes des citoyens européens ainsi que les espoirs et les regards des autres peuples de la planète pour cette Europe de paix et d’espace social et culturel.
La crise de la construction européenne peut être et sera surmontée par la promotion des débats à tous les niveaux favorisés par le dialogue, la diffusion d’information de qualité et le partage de projets mobilisateurs et constructifs.
La XXXIIème Rencontre Ipse, à Lisbonne, les 2 et 3 juillet 2007, aura pour thème « la Stratégie de Lisbonne comme contrepoids régulateur à la mondialisation ».
Cette manifestation permettra de mieux connaître les résultats et les obstacles de cette stratégie, la perception générale de la solidarité comme valeur identitaire de l’Union européenne, « obsolète ou moderne ? » et l’impact des outils et des nouvelles normes liées à la Stratégie de Lisbonne sur la protection sociale (normes IFRS, solvabilité II, MOC, fiscalité…).
Enfin nous débattrons de l’Europe de l’après Stratégie de Lisbonne c’est déjà demain.