Malgré leurs histoires différentes et leurs structures variées, les systèmes de retraite dans les pays occidentaux présentent de grandes similitudes. Ils possèdent quasiment tous un régime de base par répartition, ainsi qu’un régime complémentaire très souvent financé par capitalisation. Enfin, il y a un troisième étage, représenté par l’épargne individuelle des travailleurs, encouragée ou non par des dispositifs fiscaux. C’est le deuxième étage qui est le plus touché par la crise. Reste à savoir dans quelle mesure cela touchera les pensions des travailleurs concernés. Zoom sur trois pays : la Suède, les Etats-Unis et les Pays-Bas.
Suède
Depuis la réforme de 1994, les travailleurs suédois paient 18,5% de leur revenu en cotisations pour leur retraite, c’est-à-dire 16% pour le régime de base par répartition et 2,5% pour un régime complémentaire par capitalisation. Ce régime complémentaire est obligatoire, les Suédois participent donc aux marchés financiers, qu’ils le veuillent ou non. Il s’agit de fonds de pension, publics ou privés : il y en a 773 agréés par l’agence gouvernementale PPM. Or la valeur annuelle de ces fonds a baissé de 34,5% en 2008, selon l’agence elle-même. Virtuellement, ce serait 5% de leur pension que les Suédois auraient perdu, car la capitalisation ne représente qu’environ 14% de leur retraite. La crise met donc à mal un système qui faisait pourtant l’objet d’un large consensus politique. Il tient compte de l’espérance de vie au moment du départ en retraite et de la santé de l’économie et jusqu’à présent il s’autofinançait. Mais aujourd’hui les Suédois se rendent compte qu’ils n’ont pas de contrôle sur une partie de leur retraite, qui ne dépend pas de leur travail mais de l’état de l’économie.
Les Etats-Unis
Le système américain est lui aussi composé d’un régime de base, l’Oasdi, assuré par la sécurité sociale auquel cotisent 96% des travailleurs et dont bénéficient 90% de la population âgée. Or les pensions de base sont faibles, la majorité des entreprises proposent donc un système par capitalisation à leurs employés. Cependant, les personnes à bas salaires et les travailleurs indépendants hésitent à recourir à ces systèmes. Barack Obama a prévu de simplifier et de sécuriser le système afin que davantage de travailleurs y aient accès, mais les réformes ne sont pas encore mises en place. Malgré cela, certaines analyses relativisent l’impact de la crise sur les pensions des Américains : selon Lucy apRoberts, seuls 17% des revenus de la population âgée proviennent des fonds de pensions (contre 39% pour la sécurité sociale). Il faut ajouter à cela qu’aux Etats-Unis, les revenus des retraités se composent souvent de 4 étages : pension de base, fonds de pension, épargne individuelle et souvent « job » d’appoint. Selon certains, les pertes des fonds de pensions ne devraient affecter « que » la moitié des travailleurs américains.
Les Pays-Bas
Le système néerlandais se compose lui aussi de deux étages : une pension de base forfaitaire financée par l’impôt qui représente de 50 à 70% du salaire minimum et des régimes professionnels ou fonds de pension quasiment obligatoires (en 2000, 83% des ménages retraités touchaient une pension professionnelle. Les fonds de pension néerlandais sont aujourd’hui en grande difficulté, étant très vulnérables aux variations sur les places financières : 700 des 950 institutions environ ne couvrent leurs engagements retraite qu’à 96% aujourd’hui. Le régime de base n’assurant que 50% du salaire minimum pour chaque membre d’un couple de retraités, la situation est préoccupante. Le gouvernement devrait présenter un plan de sauvetage d’ici au 1er avril. Parmi les mesures envisagées, figurent le gel des pensions pendant 5 ans et l’élévation de l’âge de la retraite à 67 ans contre 65 aujourd’hui. Cependant, aucune de ces mesures ne représente une solution suffisante.
Les systèmes de retraites par capitalisation ne représentent qu’une partie des systèmes de pensions de retraite en Suède, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et dans les autres pays qui y ont recours. Cependant, la capitalisation a pris assez d’importance pour que la crise actuelle ait un impact notable sur les pensions de nombreux retraités ou futurs retraités. Reste à espérer que l’on tire des enseignements de cette crise pour le futur.