L’économie sociale et solidaire veut affirmer sa place en Europe

L’organisme français, le Centre de ressources de l’économie sociale et solidaire, connu aussi sous le nom d’Atelier, a organisé vendredi 20 novembre une journée de conférences et ateliers sur la manière dont l’Europe peut contribuer au développement de l’économie sociale et solidaire (ESS). La journée a rassemblé des acteurs européens, nationaux et locaux qui œuvrent dans ce domaine afin de « réenchanter » l’Europe avec l’ESS. A ce titre, Jan Olsson, co-président du Réseau Européen des Villes et Régions de l’Economie Sociale (REVES) et Denis Stokkink, président de Pour La Solidarité (PLS), tous deux membres du Conseil d’orientation de l’Ipse figuraient parmi les acteurs de cette manifestation, où l’Ipse était représenté par Pietro Romano.

 

 

L’ESS, représentant 11 millions d’emplois en Europe, est un des piliers du modèle social européen. Elle s’est montrée très résistante pendant la crise et dans certains domaines, ses entreprises se sont même substituées à l’Etat dans l’octroi de services sociaux. La place de l’ESS dans la construction d’une société économiquement durable, socialement inclusive et démocratique, ne fait plus débat. Cependant, l’ESS n’est pas encore assez visible et reconnue, notamment au niveau européen. D’après Jens Nilsson, député suédois du groupe socialiste et co-président de l’intergroupe « économie sociale » au sein du Parlement européen, la crise économique a remis en question la légitimité du modèle capitaliste global et nous sommes à la recherche de modèles alternatifs.

 

L’ESS est donc dans « l’air du temps ». Il faut saisir cette opportunité et mettre en œuvre des mesures concrètes. La présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, instance qui réunit les Etats membres de l’UE, est très active sur ce sujet. Le ministre du travail, Nicolas Schmit, a rappelé les initiatives de la présidence, notamment les conclusions qui seront adoptées par le Conseil emploi et politique sociale du 7 décembre prochain sur la promotion de l’économie sociale et solidaire. Il a également salué le Parlement européen comme étant le meilleur allié de la présidence et regretté le manque de dynamisme de la Commission européenne après le départ de Michel Barnier.

 

De son coté, Michel Catinat, chef d’unité « Clusters, économie sociale et entreprenariat » à la Commission européenne, a confirmé l’engagement de son institution en faveur de l’ESS, notamment à travers les travaux du Groupe d’experts de la Commission sur l’entreprenariat social (GECES). La Commission a donné une définition « opérationnelle » très large de l’économie sociale et estime qu’essayer de lui donner une définition juridique précise serait comme ouvrir la boîte de pandore. En effet, la culture de l’ESS varie selon les pays, même si dans la moitié des pays membres il existe une définition partagée et dans certains d’entre eux des lois cadres. Au lieu de se concentrer sur les mots, il faudrait donc développer des initiatives concrètes non seulement de manière verticale entre les différents niveaux institutionnels (européen, national et local) mais aussi horizontale entre acteurs de l’ESS de différents pays européens. Comme l’a noté Jean-Luc Chataugnat de la coopérative Oxalis, le périmètre ne se limite plus aux pays « historiques » (France, Italie, Espagne), il existe également d’intéressantes initiatives en Bulgarie, Royaume-Uni ou Slovénie. Il a invité les entrepreneurs sociaux à « sortir de leur pays et à aller vers un accompagnement de pair à pair – il ne s’agit pas d’exporter son modèle mais de mettre ensemble les points forts qui peuvent exister dans différents pays, dans une démarche de réelle coopération ».

 

Cet événement a permis de prendre conscience de la nécessité pour les acteurs de l’ESS de coopérer davantage, non seulement avec les institutions mais aussi avec des partenaires issus d’autres Etats membres de l’UE. La grande conférence sur l’économie sociale et solidaire qui se tiendra au Luxembourg les 3 et 4 décembre prochains, à laquelle l’Ipse participera, sera une autre excellente opportunité pour « réenchanter » l’Europe avec l’ESS, ainsi que d’échanger des bonnes pratiques et nouer des partenariats entre acteurs de l’économie sociale et solidaire.