Bruxelles ma Belle

Par Dominique.

 

Quelle journée que l’on aurait, tant voulu, toute autre.

Hier matin, l’attentat à l’aéroport de Zaventem est déjà connu lorsque je quitte les locaux de l’Ipse, Square Gutenberg.

Alors surgit un convoi de camions de pompiers vrombissant, sirènes hurlantes.

Le quartier, dît européen, ne  sera que sirène des heures durant. Devant notre vieil immeuble, ont défilé en concert incessant, des ambulances, des véhicules de polices…

Maalbeek est la station de métro la plus proche de l’Ipse. A quelques centaines de mètres d’une voie verte et calme, où nous cheminons fréquemment  au Comité Economique et Social européen. Comme l’ont fait hier matin probablement les assassins.

 

Cet arrêt Maalbeek : des centaines, voire depuis tant d’années bien plus, d’administrateurs, de dirigeants et cadres des membres de l’Ipse, de nos partenaires l’ont emprunté pour participer à nos activités multiples.

Des dizaines me l’ont rappelé, par appels et messages, tout ce mardi si long !

Quel soleil, rare en ce Brabant une journée entière, et cette horreur, si proche en cette station, devenue un  terminus pour ces femmes et hommes,  l’espace d’une explosion!!!

 

Le surréalisme belge, si pertinent souvent, fut bousculé contre toutes formes d’intelligence.

Comprendre Bruxelles c’est la connaître, loin des raccourcis vulgaires de l’ignorance et d’hâtifs jugements de valeur…  sans fondements.

Contrairement à d’autres capitales, comme Londres ou Paris, c’est en s’éloignant du centre de la ville, que l’on a bâti de belles demeures, souvent flamandes et hispanisantes, des espaces souvent dégagées et de quiétudes.

 

Hormis ce Grand Théâtre qu’est la magnifique Grand’ Place, les « quartiers sensibles » placés ailleurs hors boulevards périphériques (ou « rings) sont ici au cœur de la cité. Ses communes (ailleurs ce sont  les arrondissements) comptent 20% de chômeurs, malgré l’emploi fourni grâce à la présence des institutions européennes.

 

Comprendre la Belgique, ce n’est pas ignorer ses insuffisances dans le difficile exercice de repérages d’endoctrinement meurtrier de jeunes faibles d’esprit. Mais attention à l’invective formulée par le ministre français des finances, recadrée ce matin par son collègue de l’intérieur. Oui Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères du Royaume, a raison en rappelant que les zones de « non-droit » sont hélas si présentes en des quartiers de la République.

 

Oui aussi il faut rappeler la devise de l’Etat de Belgique : « L’Union fait la Force » qui accolée à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » forment le meilleur programme de lutte en profondeur contre ce terrorisme !

 

Le Parlement européen adoptera en mai le devenu fameux PNR – Passenger Name Record- registre de noms de passagers. Ce vaste fichier recensera sur 5 ans l’identité détaillée ainsi que les moyens de paiement, de tous les passagers des avions entrant ou sortant de l’espace européen. Considéré comme indispensable pour certains, ce projet d’inspiration états-unienne, n’est pas sans risques quant à une utilisation des données, s’il n’est pas régulé. D’où le souhait du Parlement européen de l’amender sur la protection des données, tant des entreprises que des personnes.

Mais beaucoup s’accordent sur le fait que ce ne sera pas la panacée, que ceci doit se faire en sus de politiques de coordination dont le renforcement des brigades anti-terroristes d’Europol.

 

Il faut admettre une surveillance accrue et le maintien des libertés fondamentales ! Vaste sujet !

 

La Belgique bouleversée garde son humour de résistance.

Un de ses grands troubadours contemporains Dick Annegarn chante :

Dick Annegarn« Cruel duel qui oppose Paris la névrose et Bruxelles abruti qui se dit

Ce sera fini

L’ennui de l’ennui

Tu vas me revoir Mademoiselle Bruxelles

Mais je ne serai plus tel que tu m’as connu

Je serai abattu courbatu combattu

Mais je serai venu »