Par Jean-Pierre Bobichon – Administrateur de l’Ipse et ancien fonctionnaire européen –
8 MAI 2015 70e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale
9 MAI 2015 65e anniversaire de la déclaration de Robert Schuman
En ces temps troublés sur le continent européen, il est utile de rappeler que depuis le 9 mai 1950, il n’y a plus eu un conflit armé entre Etats membres de l’Union européenne. Ce faisant, il ne s’agit pas d’oublier des drames qui se sont déroulés lors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie hier, ou encore ce que subissent les populations d’Ukraine aujourd’hui.
Cinq ans – seulement cinq ans – après l’Armistice du 8 mai 1945, la déclaration de R. Schuman, fondatrice de ce qu’est l’Union européenne en 2015, repose sur un triptyque fondamental : Réconciliation, Solidarité, Paix.
Que ce beau mot de « Solidarité » puisse se concrétiser en réponse aux drames que constituent ces migrations de femmes, d’hommes, d’enfants du « reste du monde » en méditerranée et ailleurs. Que ce 9 mai soit l’occasion d’un signe, envers ces victimes des détresses, exprimé par un moment de silence lors des initiatives diverses et variées de la journée de l’Europe.
« L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre » rappelle la déclaration de R. Schuman.
Et la guerre est aujourd’hui aux frontières de l’Union européenne. Les Etats de la Baltique, mais aussi la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, tous les membres de la famille européenne sont directement concernés.
Assassiner Boris Nemtsov à Moscou c’est assassiner l’opposition à la guerre en Ukraine, c’est mettre en cause, plus largement, la paix en Europe.
La réconciliation Franco-Allemande reste la base fondamentale de la construction européenne de ces 65 dernières années. Elle a été à la une de l’actualité pour bâtir un compromis, qui reste fragile, mais qui existe pour tenter de stopper l’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est le couple franco-allemand qui a favorisé la rencontre entre le Président ukrainien et le Président russe. C’est le couple de la paix qui suit au quotidien la mise en œuvre du compromis.
L’Union européenne est là aussi pour protéger ses populations. Dans cette situation de tension, rappelons l’article 222 du Traité européen « L’Union et ses Etats membres agissent conjointement dans un esprit de solidarité si un Etat membre est l’objet d’une attaque terroriste ou la victime d’une catastrophe naturelle ou d’origine humaine ». Bien que l’Union européenne n’ait pas de véritable politique de Défense depuis que le Parlement français a refusé la ratification, en 1954, du traité instituant une « Communauté européenne de défense – CED », en cas de besoin, « L’Union européenne mobilise tous les instruments, y compris les moyens militaires mis à sa disposition par les Etats membres… »
Pour passer de l’instabilité à la sécurité ou mieux encore de la guerre à la paix qui n’est jamais garantie à vie, gardons en mémoire ce message de Robert Schuman, toujours d’actualité : « Les dures leçons de l’Histoire ont appris à l’homme de la frontière que je suis à se méfier des improvisations hâtives, des projets trop ambitieux, mais elles m’ont appris également que lorsqu’un jugement objectif, mûrement réfléchi, basé sur la volonté des faits et l’intérêt supérieur des hommes, nous conduisent à des initiatives nouvelles, voire révolutionnaires, il importe – même si elles heurtent les coutumes établies, les antagonismes séculaires et les routines anciennes – de nous y tenir fermement et de persévérer.
Puissions nous garder ce fil conducteur dans nos mémoires pour la mise en œuvre de nos actions.
NB : Pour en savoir plus : www.centre-robert-schuman.org