La réunion annuelle de janvier de l’American Economic Association a été l’objet d’une communication qui fera date, de la part de deux « chief economists« . Olivier Blanchard et Daniel Leigh ont mis en lumière l’erreur commise dans le savant calcul de l’impact des politiques d’austérité imposées en 2012 sur les économies, principalement européennes.
Ces prévisions s’appuyaient sur un effet multiplicateur (d’abord évalué à 0,5) qui évalue l’impact d’une réduction de dépense publique sur le PIB d’un pays. Or, cet impact est trois fois supérieur (soit 1,6), comme le révèle le rapport des deux économistes. Cela se traduit donc par un recul de la production économique de plus d’un euro pour chaque euro de réduction du déficit. Cette erreur peut s’expliquer entre autre par le fait que ce multiplicateur tend à être plus élevé en période de récession.
En pratique, chaque euro d’austérité impayé dans un Etat ne devait engendrer que 1€ de baisse de la richesse du pays (PIB). Or le résultat est 3€, soit une triple récession. L’impact négatif des politiques d’austérité a ainsi été excessivement sous-estimé.
Cet état de fait avait été dénoncé par des économistes patentés et des gouvernements tels la Grèce, voire le Président de la République du Portugal, Aníbal Cavaco Silva. Ayant fait amende honorable, le FMI, tout en donnant raison aux critiques réitérées par le prix Nobel Paul Krugman, continue sous un mode schizophrénique. D’une part, il continue à conditionner son aide à de nouvelles remises en cause de la protection sociale, d’autre part il reconnait les effets négatifs des excès de l’austérité et alerte même (novembre 2012) contre les risques sociaux et politiques de la poursuite de ses propres politiques.