Après 5 ans d’enquête, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) vient de publier un rapport dont l’objectif est d’identifier et de caractériser les expositions à risque des travailleurs agricoles aux pesticides. Au quotidien, les agriculteurs utilisent des produits phytosanitaires dans le but d’améliorer leurs rendements, de protéger leurs cultures ou leur bétail de certaines maladies. Ce rapport très attendu a vu de façon inattendue sa parution retardée fin juin. L’Anses avance ses conclusions sur l’usage des pesticides et de leurs conséquences sur la santé des travailleurs agricoles et présente également plusieurs recommandations.
En premier lieu, l’Anses évoque un manque préoccupant de données en rapport avec l’exposition des personnes aux pesticides dans le monde agricole. En effet, ces données ne sont pas ou très peu centralisées, dispersées donc très difficiles à analyser dans leur ensemble. L’agence recommande donc de les centraliser puis de les classer en fonction des différents postes occupés dans chaque filière, du profil du travailleur et de la vulnérabilité de ceux-ci, notamment dans le cas des femmes enceintes. L’agence souhaite se reposer sur des instituts indépendants dans le but d’étudier les effets des expositions aux pesticides sur les travailleurs, notamment en examinant ces effets à court, moyen et long terme.
Constat accablant, les auteurs du rapport avancent que la prévention des risques présente énormément de lacunes. En effet, la prévention s’arrête en général à l’individu – avec le port d’équipement de protection individuelle ou l’information les mesures d’hygiène – au détriment de la prévention collective. Ainsi, l’agence préconise un renforcement, dans un cadre indépendant, des actions de conseil et de formation des utilisateurs de pesticides, afin de mieux les sensibiliser sur leur danger tout en promouvant une approche plus responsable dans leur utilisation.
Ensuite, l’agence déplore le manque d’informations concernant les équipements de protection individuelle. L’ANSES préconise donc que, pour chaque produit soumis à autorisation, le prestataire fournisse des résultats de tests sur les EPI qu’il recommande, réalisés avec son produit et selon les normes en cours, ou justifie une extrapolation à partir de résultats existants avec des produits ayant des caractéristiques similaires.
De plus, l’Anses recommande que l’EPI soit choisi en conséquence des risques à prévenir mais aussi en fonction de l’activité à effectuer dans le but que le travailleur ait un niveau de confort de travail convenable qui l’incitera donc à porter sa combinaison pendant la manipulation de pesticides et ainsi réduire les risques de maladies.
Enfin, des progrès ont été réalisés en matière de sensibilisation des agriculteurs sur l’importance de bien se protéger, notamment en utilisant les combinaisons adaptées à l’activité à effectuer. Néanmoins le chemin pour y parvenir reste encore long.