Plus jeune membre de l’Union européenne, la Croatie va assumer à partir du 1er janvier 2020 la présidence du Conseil européen pour six mois dans le cadre de la présidence tournante de l’UE. Succédant à la Finlande, la Croatie s’est fixée comme principal objectif de renforcer la politique de cohésion de l’UE. Jeune nation née au lendemain de l’éclatement de la Yougoslavie, elle est aujourd’hui le seul pays des Balkans à être membre de l’Union. Le pays est confronté à de nombreux défis dont une forte émigration de ses habitants qui pourrait conduire le gouvernement à une refonte importante du système de retraites.
Par la voix de son Premier Ministre, M. Plenković (PPE, droite) a fixé les priorités de son pays qui exercera à compter du 1er janvier la présidence du Conseil de l’Union européenne. Réaffirmant l’attachement de la Croatie à l’idéal européen, « un projet de paix et d’espoir », M.Plenkovic a indiqué que l’exercice de cette présidence sera une occasion de « mettre en avant une Europe qui se développe, avec un développement régional équilibré, la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, le renforcement de la compétitivité, une société plus dynamique ».
La Croatie est membre de l’Union européenne depuis 2013 au sortir d’un processus d’adhésion ayant duré plus de dix ans. Elle est présidée depuis 2015 par Kolinda Grabar-Kitarovic, ancienne diplomate et plusieurs fois ministre dans des gouvernements de droite sur les quinze dernières années. Elle est aussi membre de l’Otan depuis 2009, son intégration dans l’espace de Shengen devrait intervenir dans les prochains mois.
Lors de son adhésion à l’Union, le pays a bénéficié de fonds européens conséquents pour renforcer son attractivité. Or, depuis 2013, la Croatie connait un exode massif de sa population vers d’autres pays européens. On estime aujourd’hui à 15,4% la part de la population active qui vit dans un autre pays européen (principalement en Allemagne ou en Irlande), soit la proportion la plus forte de l’Union après la Romanie d’après les chiffres d’Eurostat. Un sondage réalisé par l’Université de Zagreb indique que plus de deux tiers des croates émigrés ont quitté le pays pour des raisons économiques. Un tiers d’entre eux disent être partis en raison de « la corruption du système ». Le phénomène concerne autant les jeunes diplômés que les habitants des zones rurales. D’après les démographes, le pays aurait ainsi vu sa population chuter de 300 000 habitants depuis le dernier recensement effectué en 2011, pour passer en quelques années sous la barre des 4 millions d’habitants.
La faiblesse du salaire moyen (862 euros mensuels) ajoutée au fait que la Croatie affiche le deuxième PNB le plus bas de l’Union expliquent pour partie cet exode massif. L’économie, fortement dépendante du tourisme, manque de bras et compte principalement sur des migrants venus des pays voisins pour fonctionner.
La lutte contre le défi démographique et la réforme du système de retraites seront les principaux enjeux de la prochaine élection présidentielle qui se déroulera le 22 décembre prochain. Au printemps dernier, les syndicats croates ont exigé l’organisation d’un référendum pour révoquer la décision de faire passer de 65 à 67 ans l’âge requis pour prendre sa retraite.