Se préparer, investir et s’adapter : voici le triptyque proposé par l’étude menée par Ian Begg cherchant à savoir si l’Europe peut se mesurer à la mondialisation.
Cette étude a été présentée lors de la conférence organisée par la Commission européenne le 16 avril à Bruxelles.
Si la mondialisation est souvent accusée de tous les maux (47 % des Européens la considèrent comme une menace pour l’emploi et les affaires dans leurs pays respectifs), l’étude tente de démontrer qu’ « il n’existe aucune preuve empirique que la mondialisation soit à l’origine d’une érosion des acquis sociaux ».
En effet, ont été mentionnés également lors de la conférence la part de responsabilité du changement technologique et du vieillissement.
A cela, a été rétorqué par Joël Decaillon de la Confédération Européenne des syndicats que la mondialisation a tout de même conduit à développer plusieurs éléments, notamment le travail précaire, l’effet désastreux des marchés spéculatifs sur les marchés agricoles mondiaux et l’émergence d’un salariat pauvre (19millions de travailleurs européens sont pauvres, c’est plus que le nombre de chômeurs).
Pour Jorgen Ronnest, de BUSINESSEUROPE, il y a lieu de rassurer ceux qui ont peur de la mondialisation, car elle ne constitue pas une menace pour notre modèle social européen. Elle ne doit en aucun cas (et cela a été répété par de nombreux orateurs) être une faille pour réanimer les vieux nationalismes et protectionnismes. En effet, elle peut avoir des effets bénéfiques en termes d’exportations et d’investissements étrangers en Europe, qui contribueraient donc à la création d’emplois.
Cependant, il a été admis par tous que le « jeu » de la mondialisation fait des gagnants mais aussi des perdants, notamment parmi les travailleurs les plus précaires. Personne ne devant être laissé sur le bord du chemin, il s’avère donc nécessaire de s’adapter : adapter nos systèmes de protection sociale, afin que les gens osent se lancer sans avoir peur de perdre ce qu’ils ont ; préparer les travailleurs aux changements par la formation initiale et continue : en bref, il s’agit de mettre en œuvre la flexicurité, de protéger les gens plus que les emplois. Cependant cette mise en œuvre dépend totalement des Etats membres, et ceux-ci ne mettent pas ou trop peu en œuvre les réformes nécessaires. Si tout le monde s’accorde à dire qu’il faut investir dans la formation et l’éducation, cela ne reflète pourtant pas la réalité des politiques actuelles, la formation est en baisse dans les entreprises, le problème de l’emploi qualifié reste un noyau dur, La recherche privée est insuffisante tandis que le travail au noir continue à se développer.
Concrètement il reste encore à déterminer quel sera le mode de protection des « perdants » ; et d’espérer qu’il ne s’agit pas encore d’une assistance accrue.
A son niveau, l’Union européenne a elle aussi un rôle essentiel à jouer, en restant loyale envers son modèle social dans un contexte mondial de crise grave ; elle doit jouer son rôle auprès des institutions internationales pour contribuer à protéger les biens publiques mondiaux.
Parce qu’en effet, et là aussi l’UE a un travail à faire, la mondialisation lie ensemble les questions sociales, le développement durable, l’utilisation des énergies, l’agriculture, le vieillissement.
Il s’agit donc pour l’Union d’adopter une approche holistique de la mondialisation en intégrant les différents politiques. Une action segmentée ne peut plus être efficace aujourd’hui. A ce titre, L’équilibre entre l’agenda européen et l’agenda social est essentiel, or ces dernières années force est de constater que celui-ci a été délaissé.
Vladimir Spidla a souligné la nécessité de réformes rapides, et a réaffirmé le rôle utile que peuvent jouer dans ce cadre les fonds structurels, »pour gérer les impacts négatifs de la mondialisation ».