Aux 3 piliers traditionnels de la retraite, nous préférons, à l’Ipse, l’image de 3 étages. Le premier est bien entendu le régime de base, le deuxième est la retraite complémentaire collective et le troisième les assurances individuelles. Pour qu’une maison soit solide il faut en effet que le premier étage soit le plus consolidé, puis que le deuxième repose par nature sur le premier et enfin le troisième le prolongement de l’ensemble.
A l’inverse, l’image des piliers souffre d’un manque de distinction de la force respective de chacun d’entre eux, le troisième peut ainsi être aussi fort voire davantage que les deux autres. C’est donc le choix de la solidarité, du collectif qui vaut lorsque l’on définit le régime légal, de base et le complémentaire collectif et négocié comme prioritaire.
La situation belge illustre de la difficulté de faire prévaloir les formules collectives devant l’épargne individuelle.
Expert du financement des pensions à l’Université catholique de Louvain (UCL), Pierre Devolder constate : « Le manque d’intérêt pour le deuxième pilier se vérifie aussi bien chez les employeurs que chez les salariés. Dans une négociation salariale, la préférence pour le cash demeure. Et puis le belge préfère toujours épargner par lui-même.
En quelques années, le taux de couverture par une assurance de groupe est passé de 30 à 50%, essentiellement par le résultat de négociations entre les partenaires sociaux et ceci dans les branches professionnelles considérées comme les « moins fragiles ».
Toutefois, en 2006 les assurances collectives, en la matière, ont plafonné à 4 milliards d’euros contre un peu plus de 16 milliards pour l’épargne personnelle.
La volonté de développer le complémentaire collectif existe, la loi Vandenbroucke (2003) en est l’expression. Les assureurs regrettent cependant la complexité et les coûts administratifs dus aux législations récentes et surtout l’obligation d’un rendement minimal fixé à 3,75% sur la part versée par le salarié et à 3,25% pour la contribution patronale. Le fait d’avoir deux taux est contesté et l’engagement de l’entreprise comme garante finale du rendement est remis en cause par la fédération des entreprises de Belgique (FEB).
L’évolution se dessine sur une simplification du système, avec un seul taux minimum garanti, fixé par le ministre des pensions sur avis de la Commission bancaire, financière et des assurances (CBFA).