L’impact de l’immigration sur les finances publiques dédiées à la protection sociale serait « relativement neutre », selon une étude menée en 2012 par Lionel Ragot et Xavier Chojnicki, chercheurs de la chaire TDTE.
Lors d’un séminaire de la chaire TDTE (transitions démographiques, transitions économiques), tenu le 5 mars dernier et consacré à « l’impact sur les comptes de la protection sociale d’une immigration diversifiée ou d’une immigration sélective », Lionel Ragot a présenté une étude réalisée à partir de données de 2005 et intitulée « On entend dire que l’immigration coûte cher à la France. Qu’en pensent les économistes ? ». Selon cette étude, l’effet de la population immigrée sur les finances publiques « n’est ni une aubaine, ni un fardeau ; il est relativement neutre ».
S’il est vrai qu’à un âge donné, les immigrés extracommunautaires percevraient plus de prestations au titre du RMI, de la famille ou encore du chômage et que 50% d’entres-eux vivraient dans des logements HLM, a contrario ils percevraient moins de prestations liées à la retraite ou à la santé. Il faut également souligner leur participation aux finances publiques (cotisations sociales, impôt sur le revenu, impôts locaux, TVA, etc.).
Mais la principale explication quant à cette neutralité financière, résiderait dans la structure par âge des immigrés. En effet, ces derniers sont concentrés dans la tranche des personnes actives (55% ont entre 25 et 55 ans, contre 40% pour l’ensemble de la population) et non dans celles des jeunes et des plus de 60 ans, grandes consommatrices de dépenses sociales (retraite, santé, éducation, etc.).
- L’immigration, encore nécessaire demain
En outre, Hillel Rapoport, maître de conférences associé en politique publique, également présent au séminaire de la chaire TDTE, a insisté sur la nécessité de faire évoluer le profil de l’immigration française vers plus de qualification et surtout plus de diversification. Selon lui, la diversité serait propice à une meilleure productivité du fait de la complémentarité entre individus, ainsi qu’à la mise en relation avec des pays tiers, éventuels vecteurs de la « croissance économique de demain ».
Lionel Ragot, quant à lui, prône une politique migratoire plus « ambitieuse » (avec un solde migratoire positif de 200 000 personnes par an, contre 100 000 actuellement), afin de réduire le besoin de financement de la protection sociale de 20% d’ici 2050, grâce à une contribution nette aux finances publiques plus importante. Par ailleurs, il met en garde contre la disparition à long terme des effets financiers bénéfiques de l’immigration sélective, résultant de l’alignement du taux de natalité et de l’espérance de vie sur la population dite des « natifs ».