Le rapport « Réformes, investissent et croissance : un agenda pour la France, l’Allemagne et l’Europe », des économistes Henrik Enderlein et Jean Pisani-Ferry remis, le 27 novembre dernier, aux ministres de l’économie français et allemand, Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel, propose « une façon pragmatique [pour] sortir de [l’]impasse ». Il invite le couple franco-allemand à s’engager dans un programme de réformes et d’investissement pour relancer la croissance en Europe. Les mesures sociales sont regroupées sous l’intitulé « Des initiatives de convergence ».
Les deux économistes prônent l’investissement pour inverser la faible croissance de la productivité, le taux de chômage élevé et les inégalités entre les Etats membres. Selon eux, l’investissement « présente de nombreux avantages, car il contribue à la fois à renforcer l’offre et à stimuler la demande ». Ainsi, « une reprise de l’investissement renforcerait la compétitivité, la croissance et les créations d’emplois ». Pour relancer la croissance dans l’Europe, ils préconisent des réformes ambitieuses. La France doit s’employer à réformer en profondeur son marché du travail sur les bases de la « flexisécurité » (faut-il à ce titre réellement s’inspirer de l’Allemagne ?) tandis que les Allemands sont appelés à investir d’avantage et relever « les défis démographiques, notamment en préparant la société allemande à une immigration supérieure et en augmentant la participation des femmes sur le marché du travail ».
Selon Henrik Enderlein et Jean Pisani-Ferry, l’Allemagne et la France devraient faire converger leurs politiques aussi bien en termes de salaire minimum, de marché du travail, que de retraite ou encore d’éducation.
Salaire minimum commun
Conscients qu’une harmonisation complète des systèmes n’est ni possible, ni souhaitable, les deux économistes recommandent seulement de tendre vers un « degré élevé de convergence de salaire minimum », sachant que « l’augmentation réelles du salaire minimum devrait plutôt dépendre de la progression globale de la productivité de l’économie », selon eux.
Cette mesure aurait les avantages d’établir une norme commune entre Etats membres de niveaux de développement similaires, d’éviter la divergence macroéconomique, et de limiter la « pression à la baisse sur les bas salaires ».
Du fait de l’importance et de la sensibilité du sujet, les rapporteurs préconisent la mise en place d’un comité binational (représentants des gouvernements, experts indépendants, partenaires sociaux), « chargé d’explorer et de faire les propositions sur la faisabilité d’une telle convergence […] ».
Marché du travail
Les deux confrères recommandent pour les bas salaires, de préserver « aussi bas que possible » les avantages fiscaux et les contributions de sécurité sociale, de maintenir les niveaux d’allocations pour éviter la précarité à la retraite et au chômage et de « conserver absolument » les « incitations fortes à accepter des emplois faiblement rémunérés ».
Par ailleurs, ils mettent l’accent sur la mise en place d’une « formation professionnelle adéquate », ainsi que sur la transition entre l’école, la formation et l’entrée dans la vie active.
Retraite
La France et l’Allemagne disposent tous deux d’un système de retraite relativement complexe, reposant sur une interaction entre l’âge minimum de départ à la retraite et le nombre d’années de cotisations accumulées. De plus, les débats ont tendance à se cristalliser sur les mêmes points dans les deux pays. Au vu des similitudes, Henrik Enderlein et Jean Pisani-Ferry pensent que les deux Etats devraient « s’efforcer de simplifier considérablement leurs politiques de retraite à moyen terme […] ».
Education
Selon les deux économistes, le couple franco-allemand doit davantage investir dans l’éducation, car « l’éducation est de loin le meilleur moteur pour stimuler les taux de croissance et contribuer ainsi à la justice sociale », dans deux pays qui « souffrent d’un manque de justice intergénérationnelle ».